Durant mes vacances, j’ai dévoré quelques nouveaux romans historiques :
L’un des sujets portait essentiellement sur la vie de Louis XIV. Je vous épargne les détails d’un récit à la tonalité pompeuse et le raffinement ostentatoire qui se dégage de ce livre.
Bref j’aime bien me laisser convertir à cette ambiance élégante et romantique des siècles passés, et il est tout de même important que j’insiste un peu sur le côté précieux de ce livre afin de mieux vous faire apprécier la chute d’un passage incongru.
Une tâche au milieu du tableau qui, dans un tout autre jargon totalement paradoxale, m’a diverti également et m’a bien fait rire. Un jargon que je croyais jusque là contemporain ! Comme quoi on a rien inventé, et ces précieux lorsqu’ils se lâchaient, n’étaient pas aussi prudes qu’ils en avaient l’air !!!
Mais maintenant que je vous ai dépeint l’ambiance vertueuse et majestueuse du livre en question, voici donc ce fameux passage scandaleux, lettre rédigée par Madame de Palatine, épouse de Monsieur, frère du roi Louis le quatorzième :
(extrait du tome II « Les ombrelles de Versailles » de Jean DIWO)
« … Madame, comme vous le savez, passe les trois quarts de son temps à correspondre avec l’Europe entière. Mais puisque nous sommes seules, soyons indiscrètes, voyons à qui cette lettre inachevée est destinée.
Elles avancèrent et lurent, effarées, les dernières phrases qu’elles se fussent attendues sous la plume de Madame.
A Sophie de Hanovre,
Commencée à Fontainebleau, le 9 octobre.
Vous êtes bien heureuse d’aller chier quand vous voulez. Nous n’en sommes pas de même ici où je suis obligée de garder mon étron pour le soir ; il n’y a pas de frottoir aux maisons du côté de la forêt. J’ai le malheur d’en habiter une et par conséquent le chagrin d’aller chier dehors, ce qui me fâche, parce que j’aime à chier à mon aise et je ne chie pas à mon aise quand mon cul ne porte sur rien. Item, tout le monde vous voit chier ; il y passe des hommes, des femmes, des filles, des garçons, des abbés et des suisses. Vous voyez par là que nul plaisir n’est sans peine, et que si on ne chiait point je serais à Fontainebleau comme le poisson dans l’eau… Je ne sache pas la plus vilaine chose que de chier. Voyez passer une jolie personne bien mignonne, bien propre ; vous vous récriez : « Ah, que cela serait joli si cela ne chiait pas ! »
Je le pardonne à des crocheteurs, à des soldats, à des porteurs de chaise et à des gens de calibre-là. Mais les empereurs chient, les impératrices chient, les rois chient, les reines chient, le pape chie, les cardinaux chient….
Le développement rabelaisien continuait sur le même ton mais elle abandonnèrent la lettre et reculèrent car Madame revenait toute propre, peignée, poudrée… »